Déesse-nourrice
Les déesses-nourrices sont fabriquées à partir du débur du IIe siècle de notre ère. Parmi les divinités elles arrivent en seconde position (derrière les Vénus) pour le nombre d'exemplaires réalisés (et retrouvés lors de fouilles).
Comme pour les Vénus, il n'y a pas un seul type de déesse-nourrice. Elles diffèrent par de nombreux détails :
- la coiffure,
- le visage,
- les vêtements,
- certaines allaitent un seul enfant, d'autres deux,
- les fauteuils,
- ...
Comme pour les Vénus, Micheline Rouvier-Jeanlin a réalisé une typologie de ces déesses-nourrices.
Hugues Vertet, directeur de recherche au CNRS, a observé le fauteuil de ces figurines.
Il a remarqué que les fauteuils étaient différents dans leur conception. Les artisans n'avaient pas la même technique de fabrication.
En s'intéressant aux lieux où elles avaient été fabriquées, il a pu découvrir que les potiers arvernes et éduens ne modelaient pas des fauteuils identiques...
... car les artisans vanniers arvernes et éduens ne travaillaient pas de la même façon.
Ce qui prouve que ces statuettes peuvent nous apporter beaucoup de renseignements sur cette période gallo-romaine. A condition de leur réserver toute notre attention.
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Déesse-mère, déesse-nourrice, déesse nourricière ?
Ce type de figurines ne manque ni de dénominations, ni d’interprétations. Le choix des auteurs est dicté par l’interprétation qu’ils font de ce modèle.
Mère ?
Certainement pas, répondent certains. La preuve, la plupart d’entre elles ne manifestent aucun intérêt pour le ou les bébés. Elles ne les regardent pas. Ils choisissent donc nourrice ou nourricière.
D’autres auteurs par contre considèrent que cette figurine fait partie de la longue chaîne des représentations de la maternité, présente dans l’ensemble des civilisations depuis le paléolithique. Aussi le terme déesse-mère lui convient-il très bien.
Particularités de ces déesses :
- elles sont assises, alors que le plus souvent les divinités sont debout
- elles sont dans un fauteuil en osier, tout à fait gaulois
- elles allaitent, cette action est très rarement représentée.
Vénus et la déesse nourrice, deux divinités ou une seule ?
- avons-nous deux divinités avec chacune des fonctions bien différenciées ?
- s’agit-il au contraire de la seule et même divinité cumulant l’ensemble des fonctions ?
Quelques présentations de ces déesses
Le point de vue de Maurice Franc « Les déesses nourrices représentent 20% du panthéon gallo-romain. Elles n’apparaissent que soixante ans après les jeunes filles nues, vers l’an 100 de notre ère. Elles sont assises dans un fauteuil d’osier et tiennent dans leurs bras un ou deux enfants. Elles personnifient la nature, la terre-mère qui, à l’époque, était considérée comme la mère des dieux et la mère des hommes. On remarquera qu’elle est habillée, des épaules aux pieds, des pieds qui sont chaussés. Elle est aussi habillée que la déesse des eaux est nue ! Elle n’a rien de maternel : elle tient les enfants, offre son sein nourricier. Son rôle, comme celui de la nature, est d’offrir aux hommes la possibilité de se nourrir en chassant, en cueillant, en cultivant, mais l’homme est actif et la nature statique. Parfois la déesse nourrice porte une coiffure en forme de fortification, elle protège alors une ville ou une province symbolisée par ce montage. »
Extrait d’un entretien enregistré en 1998 par Michel Pellaton pour la valise pédagogique FAL 03
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Date de dernière mise à jour : 29/02/2020
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